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Lumière et couleur dans l’art contemporain, avec Marc-Arthur Kohn

Lumière Couleur Art

Les recherches expressives construites sur la lumière sont, de par leur nature, étroitement liées aux progrès de la technologie et liées à la production de sources lumineuses. Les nouveaux développements technologiques, capables de dominer les sources d’éclairage ou de cristalliser la lumière sur un film – créant des images photographiques – ont toujours été suivis par de nouvelles évolutions de formes expressives. Selon Marc-Arthur Kohn, c’est dans l’esprit de l’homme de rechercher la connaissance des nouveautés et c’est dans l’esprit de l’artiste de s’en approcher « de manière ludique » et d’interagir de manière extatique, sans aucun conditionnement formel dans le sens de la création d’un langage (au sens le plus générique).

Lumière et couleur: la redécouverte d’une recherche

Aujourd’hui, nous nous intéressons avec Marc-Arthur Kohn à une ligne de recherche artistique qui a caractérisé une grande partie du XXe siècle. Cependant, celle-ci n’a encore que très peu été analysée et n’a probablement pas été aussi appréciée qu’elle le mériterait par les auteurs. Cette recherche artistique est liée aux interactions entre la phénoménologie de la lumière et la couleur dans l’art contemporain. Les raisons de cette prise en compte insuffisante de cette forme d’art sont probablement dues à une genèse étrangère à la tradition et liée à un monde technologique considéré trop souvent comme une alternative et non comme un complément de l’art. Or c’est bien ce qu’il est en réalité.

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D’où l’idée de proposer un parcours cognitif et exploratoire qui passe de certains les plus grands artistes du XXe siècle et qui va jusqu’à présenter les recherches des années 70 et suivantes, avec la conviction que la redécouverte et une réévaluation authentique sont non seulement possibles.

Le stimulus à la peinture légère

En 1914, Frank Gilbreth introduisit une technique photographique basée sur des lumières et un obturateur capable de dominer la source de lumière. Des années plus tard, cette technique a permis la conception de Light Painting, une forme d’expression basée sur la représentation de l’image sous forme de traces lumineuses arrêtées dans le temps et cristallisées dans la photographie.

Frank Gilbreth, photographie de light painting, 1914

Les années 40 marquent le début de l’utilisation de ces technologies à des fins d’expression. Le premier artiste pionnier de Light Painting a été Man Ray, qui a créé la série Space Writing.

Man Ray, écriture spatiale (autoportrait), 1935

Les mêmes années, Gjon Mili, innovateur dans le domaine de l’éclairage, expérimenta l’utilisation du flash électronique : en fixant des éclairages aux bottes des patineurs sur la glace, il créa des images photographiques connues de l’histoire du light painting. Sa rencontre avec Picasso en 1949 a généré une collaboration, entrée dans l’histoire: ils ont créé ensemble le « light painting », des dessins de lumière immortalisés par la caméra.

Picasso dessine un centaure

Picasso, fasciné par le support technique, a conçu 30 œuvres comprenant des centaures, des taureaux et des profils grecs; il a également dessiné sa signature. La technique utilisée par Mili incluait deux caméras dans une pièce sombre, une pour la vue de côté et l’autre pour la vue de face. Après une première séance d’essai de 15 minutes, Picasso a posé pour 5 autres séances.

L’explosion de la lumière

Nés comme une expression de l’imagination de Picasso, les légers dessins ont été rendus possibles grâce à la collaboration entre Mili et l’artiste, conçue par Mili et magistralement réalisée par l’esprit fécond de Picasso, ils ne vivaient immédiatement que dans les photographies, disparaissant dès que la main du peintre décédé; aujourd’hui, ils sont un rappel significatif de la vie et de la curiosité de l’artiste. Bon nombre de ces photos ont été exposées au début des années 1950 au Museum of Modern Art de New York. Après cette exposition, une explosion de « dessins légers » a eu lieu avec de nombreux artistes ayant adopté des techniques similaires (Andreas Feininger, Jaques Pugin, Jozef Sedlak, Eric Staller et d’autres).

Au cours des années soixante – dix et quatre – vingt, Eric Staller a utilisé cette technique pour plusieurs projets photographiques qui ont été appelés dessins légers. Terme avec lequel le Light Painting a été classé jusqu’en 1976. E « n el 1977, en effet, à l’image des sacs en polyéthylène sur une chaise longue, qui Dean Chamberlain donne la vie à peinture Lumière, en utilisant les lampes portatives pour éclairer sélectivement des parties de couleur du sujet ou de la scène. Chamberlain fut en fait le premier artiste à consacrer toutes ses recherches artistiques à la peinture lumineuse. Dans le même temps (1979) a également le photographe Jacques Pugin réalise plusieurs séries d’images avec la technique Lumière Dessin.

Vers l’art de la lumière

Les mêmes années où, en photographie, on expérimente la technique du Light Painting, l’utilisation de la lumière artificielle dans l’art connaît un développement fondamental grâce à Lucio Fontana, nous dit Marc-Arthur Kohn. De retour en Italie en 1947, l’artiste italien est le premier à utiliser le néon et la lumière noire (lampe de Wood) pour certains de ses décors. Le fondateur du Spatialisme est celui qui ouvre la voie pour la recherche de nouveaux d’artistes tels que Dan Flavin, James Turrel, Robert Irwin, Bruce Nauman ou encore Mario Merzcelle. Tous ces artistes ont fait usage de sources lumineuses comme outil d’implication de l’observateur, elles ont d’ailleurs constitué un élément essentiel de leur travail, nous affirme Marc-Arthur Kohn.